Documentaire de création réalisé avec un groupe d’adolescents autistes.
Depuis 2012, je travaille avec l’espace culturel Stereolux (44) et le Centre pour grands enfants et adolescents (CPGEA), lié au CHU de Nantes. J’interviens aux côté de Rénald Gaboriau, orthophoniste, et de ses trois collègues infirmiers, au sein d’un groupe d’adolescents ayant des troubles autistiques.
Cette création date de 2014 et est le fruit de notre troisième collaboration. Elle aborde les sensations corporelles, le rapport à son corps et à celui des autres. Un sujet délicat pour des jeunes adolescents, autistes qui plus est.
En 2012, j’étais loin de penser que je pourrais l’aborder. Je suis arrivée avec une bonne expérience des ateliers mais une faible connaissance de ce qu’on appelait alors sans que cela soit un problème, l’autisme. J’ai rencontré l’équipe soignante, qui me laissait une grande liberté pour le contenu de ma proposition. Cependant, une contrainte m’était imposée : celle du temps. Un petit quart d’heure coincé entre les différents rituels que l’équipe soignante avait mis en place. Cette contrainte m’a un peu inquiétée au départ car cela me laissait très peu de temps pour intervenir et avancer concrètement dans ma proposition. Finalement, elle m’a permis de m’inclure dans le dispositif. Au fur et à mesure, Rénald Gaboriau m’a même confié le rituel du choix musical pour le temps du dessin/expression graphique de l’atelier. Ce processus d’inclusion était très important pour mon intervention. J’avais besoin de légitimité et de confiance pour emmener le groupe (jeunes et équipe soignante) vers des zones inconnues.
La première année, nous avons mis en son (voix et bruitages) un texte de l’auteur jeunesse Claude Ponti.
La deuxième année, nous avons réalisé une création sur les lieux aimés par les jeunes : paroles, captation sonore, bruitages et un peu de montage.
Comme nous commencions à mieux nous connaître, la troisième année, j’ai proposé de travailler sur un sujet plus intime : le corps. Cette fois, nous avons été plus loin dans le montage audio. Les jeunes, à partir des enregistrements réalisés (paroles/bruitages), se sont amusés à manipuler cette matière via le logiciel Audacity. Toutes les ambiances de Ça vibre ont été créées par eux.
Depuis deux ans, j’interviens aux côtés de Sophie Sakka, ingénieure chercheuse, de l’association Robots ! dans le cadre du projet Rob’autisme. Nous réalisons des spectacles avec les robots Nao. Sophie est là pour les accompagner dans la programmation des robots et moi je réalise avec eux la scénographie sonore. Toujours avec le soutien sans faille de l’équipe de Stereolux !
A l’heure où j’écris ce texte, comme chaque année, je ne sais pas si le projet sera reconduit. Je vis donc chaque fin d’année comme la dernière est c’est pour moi un vrai crève-cœur. J’aime travailler avec ce public, avec cette équipe soignante (Rénald, Gwenaëlle, Edwina, Jean et René). Quoiqu’il arrive l’an prochain, ces 5 années passées avec eux et les jeunes m’auront énormément nourrie.
A l’écoute : Ça Vibre- 03’55
Un beau voyage dans le monde sensoriel où il est possible d’aller rejoindre les enfants pris dans l’autisme. Il apparait que dans ce monde des tout premiers vécus sensoriels, les échanges sont vivants, créatifs et partageables. Un beau travail qui donne envie de poursuivre la rencontre…Merci Cécile de nous le faire partager!
Le Cunff Lara le 8 juillet 2016 à 12 h 20 minMerci beaucoup Lara. Le mot partage a effectivement ici tout son sens.
lesonographe le 8 juillet 2016 à 13 h 20 min