Expérience pour faire se rencontrer, à travers le son, deux groupes de jeunes issus de quartiers très différents d’une même ville.Je me suis souvent dis que le son pouvait servir à ouvrir l’imaginaire pour, paradoxalement, exprimer une réalité vécu. Le moment du montage sonore intervient lui aussi pour croiser des histoires, les mêler, écouter leur correspondance ou non. C’est dans cet esprit que j’ai proposé à un centre socioculturel de Cholet de faire se croiser deux populations qui, autrement, se rencontrent peu. La problématique du centre : travailler sur deux quartiers à la typologie sociale fort différente. D’un côté un petit bourg de campagne, de l’autre un « quartier HLM », une ZEP comme on dit, bref, le quartier le plus stigmatisé de la ville. Entre les deux, beaucoup d’images, de clichés et de malentendus… enfin, ce n’est pas si simple, car les clichés les plus forts ne sont pas forcément ceux renvoyés à l’autre, mais plutôt ceux adressés à soi.
Le dispositif proposé était le suivant : proposer, à travers un travail de co-création sonore (en ateliers), un échange de regards entre deux groupes de jeunes provenant de ces deux quartiers. Les deux groupes ont travaillé chacun de leur côté. D’une part, pour raconter comment ils imaginaient la vie dans le quartier des autres et d’autre part, pour enregistrer les sons qui font leur propre quartier. Le mixage des deux travaux permet un aller-retour entre deux représentations de chaque quartier.
L’étape de montage a été délicate car il a fallu faire la part des choses entre paroles de provocation et paroles sincères. J’ai fait ce travail avec chaque groupe de jeunes. Moment fort où une distanciation se produit entre ce qu’on dit et ce qu’on pense vraiment.
Au final, un objet sonore qui raconte les lignes de fracture d’un territoire.
A l’écoute : Ton regard mon quartier 9’14
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